Sœur Geneviève Wallon, cent ans de fraternité et de création
19 décembre 2025
Née à Paris le 12 décembre 1925, Geneviève Wallon, connue en religion sous le nom de Petite sœur Pascale de Jésus, vient de franchir le cap remarquable de ses cent ans. Son parcours, discret et profondément engagé, traverse un siècle d’histoire marqué par les épreuves, mais aussi par une fidélité constante aux valeurs de solidarité, de simplicité et de fraternité.
Issue d’une famille catholique parisienne engagée au service de la République, Geneviève Wallon grandit dans un environnement où l’engagement est une évidence. Son grand-père, Étienne Wallon, physicien, fut l’un des pionniers de la photographie en couleurs aux côtés des frères Lumière et œuvra, durant la Première Guerre mondiale, au soutien des réfugiés du Nord et de Belgique. Son père, Maurice Wallon, inspecteur général des finances et lieutenant-colonel de réserve, meurt en 1940 des suites d’une blessure reçue sur la ligne Maginot. Son frère aîné, Jacques Wallon, résistant, disparaît en 1944 lors des combats de la Libération de Paris, mort pour la France. Trois autres frères s’engagent volontairement et poursuivent le combat avec les Alliés.
Dotée de talents artistiques précoces – dessin, peinture, modelage – Geneviève fait pourtant un choix inattendu à l’heure où la paix revenue voit nombre de jeunes femmes fonder une famille. Elle rejoint les Petites Sœurs de Jésus, congrégation née dans la filiation spirituelle de Charles de Foucauld. Leur vocation : vivre dans la plus grande simplicité, au cœur des quartiers populaires et des pays pauvres, pour témoigner d’un amour universel, sans frontières culturelles ou religieuses.
Après sa formation religieuse au Tubet, près d’Aix-en-Provence, puis au Liban où elle apprend l’arabe, Geneviève Wallon part en Égypte à la fin des années 1950. Elle y vivra plus de quarante années, au Caire, à Alexandrie et dans le désert entre Alexandrie et la Libye, partageant la vie quotidienne des habitants au sein de petites fraternités insérées dans leur environnement.
En Égypte, son art devient langage de paix. Elle y crée des santons en terre cuite vernissée, représentant des scènes de la Nativité aux couleurs locales : personnages en robes, voiles et djellabas égyptiennes, rappelant la tradition chrétienne de la fuite de la Sainte Famille en Égypte, encore très vivante chez les chrétiens du pays. Ces crèches, à la fois simples et lumineuses, diffusent un message d’accueil et de fraternité qui touche bien au-delà des frontières.
Au début des années 2000, contrainte de revenir en France, elle poursuit pendant plus de quinze ans son activité artisanale au sein d’une fraternité artisanale à Aix-en-Provence. Ses œuvres y sont toujours produites et proposées chaque année sur les marchés de Noël et de santonniers de la région.
Aujourd’hui, à cent ans, ses mains ne peuvent plus façonner la terre, mais ses créations continuent de vivre dans de nombreuses familles, en France et à travers le monde. Accueillie depuis plusieurs années à la Maison de retraite Saint-Thomas de Villeneuve à Lambesc, Geneviève Wallon a récemment été entourée de ses proches, venus lui témoigner leur affection et leur gratitude. Un anniversaire centenaire qui célèbre une vie donnée, humblement, à la rencontre de l’autre et à la paix.
